Pas des super-héros mais des pasteurs à la manière de Jésus, dit le pape aux prêtres
« N’ayez pas peur de regarder les blessures de notre Église »
Chers frères et sœurs,
C’est avec joie que je vous accueille au premier jour de ce temps fort et fraternel que votre Évêque et son Conseil vous ont proposé de vivre à Rome. Je remercie Mgr Santier pour ses paroles et pour cette initiative et, à travers vous, j’étends mon cordial salut et ma proximité spirituelle à tous les fidèles du Diocèse de Créteil.
Je lui disais : “Vous êtes un évêque qui travaille ! ”. Je tiens tout d’abord à rendre grâce à Dieu qui vous a appelés et mis à part pour le service de son Évangile (Cf. Rm. 1,1), afin que vous soyez au milieu de son peuple les intendants fidèles des mystères du Christ.
Nous vivons dans un contexte où la barque de l’Église est affrontée à des vents contraires et violents, à cause notamment des fautes graves commises par certains de ses membres. Il est d’autant plus important de ne pas oublier l’humble fidélité au quotidien du ministère que le Seigneur permet de vivre à la grande majorité de ceux qu’il a donnés comme prêtres à son Église ! Nous savons qu’en répondant à l’appel du Seigneur, nous n’avons pas été consacrés par le don de l’Esprit pour être des « superhéros »
Nous avons été envoyés avec la conscience d’être des hommes pardonnés, pour devenir des pasteurs à la manière de Jésus blessé, mort et ressuscité. Car notre mission en tant que ministres de l’Église est, aujourd’hui comme hier, de témoigner de la force de la Résurrection dans les blessures de ce monde. Ainsi nous sommes appelés à avancer humblement sur le chemin de la sainteté, en aidant les disciples de Jésus-Christ à répondre à leur propre vocation baptismale, pour qu’ils soient toujours davantage missionnaires, témoins de la joie de l’Évangile. N’est-ce pas d’ailleurs le sens du Synode diocésain que vous avez célébré en 2016 ?
Chers amis, en prenant le temps de réfléchir à la révision de l’organisation de votre diocèse, n’ayez pas peur de regarder les blessures de notre Église, non pas pour vous lamenter, mais pour aller jusqu’à Jésus-Christ. Lui seul peut nous guérir en nous permettant de repartir de lui et de trouver, avec lui et en lui, les moyens concrets de proposer sa vie à tous, dans un contexte de pauvreté et de pénurie. Car « si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie » (Exhortation apostolique Évangelii gaudium, n.49). Dans cette perspective, demandez avec insistance à l’Esprit Saint de vous guider et de vous éclairer pour qu’il vous aide, dans l’exercice de votre ministère, à rendre l’Église de Jésus-Christ aimable et aimante, selon la belle expression de la Vénérable Madeleine Delbrêl.
Avec cette force venue d’en haut, vous serez poussés à sortir pour vous faire toujours plus proches de tous, en particulier de ceux qui sont blessés, marginalisés, exclus. Durant votre pèlerinage à Rome, vous allez échanger sur la relance de la pastorale des vocations aux ministères et à la vie consacrée. Rappelez-vous que « là où il y a vie, ferveur, envie de porter le Christ aux autres, surgissent des vocations authentiques » (Ibid., n.107).
Mais c’est aussi par votre manière de vivre le ministère que vous permettrez à des jeunes d’accueillir l’appel du Seigneur au sacerdoce ou à la vie consacrée. Aussi, je vous encourage à garder votre regard fixé sur Jésus-Christ et à cultiver ce lien particulier qui vous unit à Lui, par la prière personnelle, l’écoute de sa Parole, la célébration des sacrements et le service du frère. C’est important de favoriser et développer la qualité de la vie fraternelle, entre vous et au sein de vos communautés, pour que la valeur et la beauté du ministère et de la vie consacrée soient reconnues par tous comme le service d’une véritable communion missionnaire ! En puisant à la source de la grâce de votre propre appel et avec la force de l’Esprit Saint, vous serez témoins de cette espérance qui ne déçoit pas (Cf. Rm. 5,5), malgré les difficultés et le poids du jour ; vous manifesterez, par votre vie quotidienne, et jusque dans l’expérience de vos fragilités, que le don de sa propre vie pour le service de l’Évangile et des frères est source d’une joie que nul ne peut nous ravir.
Puisse briller à travers vous cette joie qui s’approfondit dans l’amitié avec le Seigneur et l’attention sans cesse renouvelée aux autres, en particulier aux petits et aux pauvres. Mais surtout, laissez-vous transformer et renouveler par l’Esprit pour reconnaître quelle est cette parole que le Seigneur Jésus veut délivrer au monde par votre vie et votre ministère (Cf. Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n.24)
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Avec cette espérance, en vous confiant au Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie et à la prière de la Vénérable Madeleine Delbrêl, je vous donne la Bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous les fidèles du diocèse de Créteil. Et, s’il vous plaît, priez pour moi comme je prie pour vous ! Merci.