Dieu serait-il cruel ?

La première lecture de ce dimanche est celle du « sacrifice d’Abraham », texte qui nous heurte souvent, car il donne l’image d’un Dieu qui soumet son serviteur à la pire des épreuves - sacrifier son enfant, le fils de la promesse - juste pour voir comment il réagit.

En 2012, une rencontre avec les musulmans de l’Association Internationale Soufie Alâwiyya et le Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne, a eu lieu dans notre crypte sur ce thème du sacrifice d’Abraham. De nombreuses autres interprétations y sont heureusement apparues.

Le texte fait d’abord référence à des sacrifices humains, qui avaient lieu à l’époque dans diverses religions, et que ce récit interdit clairement.

Si des sacrifices d’animaux - notamment de l’agneau pascal - ont lieu dans la religion juive jusqu’à la destruction du Second Temple (70 après JC), tout homme, jusqu’au plus petit enfant, est image de Dieu et ne peut être sacrifié.

Pour les chrétiens, plusieurs indices dans le texte (montagne, bois lié sur le dos d’Isaac, 3 jours…) nous aident à faire le lien avec un autre sacrifice, celui d’un fils qui ne sera pas épargné. Mais l’Évangile du jour, toujours sur la montagne, signe d’élévation, nous annonce que ce sacrifice conduira le fils de Dieu jusqu’à sa transfiguration, pour notre salut.

Dans l’Islam (S 37, 102), le récit devient un rêve, dans lequel le fils (il n’est pas précisé s’il s’agit d’Ismaël ou d’Isaac), interrogé, donne librement son accord au sacrifice. Rêve ou réalité, ces textes sont avant tout symboliques d’un don à Dieu de ce qui est le plus important en soi, de l’enfant, symbole de l’âme. La vie, ou certains passages de notre vie, peuvent être cette épreuve nécessaire, où Dieu nous laisse la liberté, et dans laquelle il nous revient de vider notre cœur de tout attachement aux tentations ou à notre ego. Qu’au final, chacun de nos choix et de nos actes soit l’expression de cet engagement profond de soi envers Dieu.

Philippe, vice-président de l’EAP de N-D de la Merci

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