L’émotion et le réel

Nous sommes dans l’empire de l’émotion. Émotion face à une catastrophe, émotion qui nous emprisonne ou nous domine complètement. Pourtant c’est une réalité qui nous porte aussi à aimer. Comment faire le tri ? Il me semble que l’émotion est constructive quand elle révèle en nous-mêmes une vérité parfois cachée ou enfouie. Cette émotion nous renvoie vers les autres. On dit de Jésus qu’il fut pris par l’émotion face à son ami Lazare, cette émotion ne resta pas un pleur, il redonna la vie à son ami. L’émotion est plus ambigüe quand elle nous enferme dans un sentimentalisme sans prise sur la réalité. On peut ainsi pleurer sur les malheurs du monde ou se scandaliser des injustices, sans lever le petit doigt. Dans nos célébrations, nous pouvons vivre des moments intenses de communion qui nous ouvrent à Dieu, nous pouvons aussi en rester à un style plaisant mais enfermant. Notre vie chrétienne ne peut se résumer à une recherche d’émotions. Que Dieu nous fasse ressentir sa présence, sachons le remercier ; mais que notre vie soit basée sur cette attente, non !
L’émotion est donc à la fois respectable et même révélatrice, elle peut être aussi une recherche égoïste de nous-mêmes. Laissons-nous guider par l’Esprit pour convertir toute émotion en Amour.

P. Jacques Cramet

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