Site du doyenné Val-de-Bièvre

L'Église catholique

L'Église catholique

en Val-de-Bièvre vous accueille...

en Val-de-Bièvre vous accueille...


Le 29 février 2012 à Cachan : A la rencontre des palestiniens

Le 29 février 2012 à Cachan : A la rencontre des palestiniens

TU TRAN : A la rencontre des Palestiniens

Ce mercredi 29 février 2012 a marqué, comme il est de coutume depuis quelques années à la Paroisse Saint-Jean Sainte-Germaine de Cachan, le début des mercredis de Carême. Ce temps consiste en cinq séances de rencontres. Elles sont ponctuées par le partage du bol de riz suivi du témoignage d’un invité, paroissien ou non, et se clôturent par un temps de prière.
Etaient donc réunies ce jour trente six (36) personnes.

De 19h30 à 20h30 : partage du bol de riz préparé par Antoine, Perrette et Louise, vaisselle puis collecte de fonds. Ces fonds seront affectés aux besoins pastoraux de la Paroisse de Ntui ( Cameroun), village paternel du Père Adalbert BILAI AMBEME.

Bol de riz

20h35 : Après une brève introduction de la séance par Antoine, la parole est donnée à TU TRAN, médecin et paroissien de Cachan qui nous a témoigné de sa rencontre avec les Palestiniens dans un camp de réfugiés au Liban.

TU TRAN introduit son témoignage en rappelant qu’il se fait le porte-parole des « sans parole », parlant de ces Palestiniens. Mais cette mission, s’il l’a assumée, il n’a pas toujours nourri l’idée de la vivre auprès des Réfugiés Palestiniens. Après avoir quitté sa terre natale, le Vietnam, à dix sept (17) ans à cause de la guerre, il est accueilli par Thaïlande puis par la France en 1980 où il a obtenu le statut de réfugié, avec pour attester de ce statut, une carte délivrée par l’OFPRA( Office français de protection des réfugiés et apatrides). TU TRAN est alors habité du désir d’étudier la médecine et de retourner aider les populations et réfugiés d’Asie du Sud-Est.

Après ses études de médecine et de pédiatrie, TU TRAN s’engage pour « médecins sans frontières » et demande à aller en mission en Asie. Finalement, il est envoyé au Liban dans un camp de réfugiés palestiniens où règne un climat de tensions en raison du conflit israelo-palestinien. Il précise à ce moment-là « je suis tombé par hasard dans cette problématique. Le problème palestinien est venu à moi ».

A peine arrivé au Liban dans la zone de mission, Saida, il est marqué non seulement par les photos des martyrs exposées tout au long de la route, mais aussi par la forte population musulmane, ainsi que le dénuement dans lequel ces réfugiés vivent ( 60 mille réfugiés/ km2). Au rythme de trois anecdotes, TU TRAN nous livre son aventure humaine auprès de ces personnes qu’il a côtoyées dans ce camp.

La première histoire c’est celle d’une petite fille souffrant d’une malformation cardiaque et dont la mère, voilée et respectueuse de la tradition, se refuse à donner au médecin des informations capitales au bon suivi de l’enfant. L’état de la fille s’étant considérablement dégradé, un transfert dans un autre hôpital devait intervenir en toute urgence. Démunie face à la persistance de la maladie, la mère se résout à parler et décide de confier sa fille au médecin TU TRAN, en espérant qu’il l’emmène se faire soigner en France en lui racontant par là-même son histoire depuis 1948.

Tu Tran relève également que trois millions de palestiniens ont constitué la première vague de réfugiés. La seconde vague vient de la guerre des six jours. Ceux-ci vivent dans ce camp sans droits ni lois, ne pouvant exercer certains métiers que dans les limites dudit camp. En proie à toutes ces frustrations, la vie est rythmée par des guerres partisanes extrêmement violentes, comme en témoigne cette deuxième histoire.

TU TRAN nous fait part aussi de sa rencontre avec un jeune kamikaze de vingt (20) ans qui avait commis un attentat avec ses deux frères tués et, lui, grièvement blessé. Agonisant, aucun dispensaire ne souhaitait l’accueillir pour lui administrer des soins, au motif qu’il était partisan d’un groupe extrémiste très violent. Tentant de lui administrer des soins pour calmer sa douleur, alors qu’il était très affaibli, TU TRAN a été menacé de mort et accusé d’avoir tué ce patient. Par la force des choses et la maitrise de soi dont il a fait preuve, il a convaincu celui qui le menaçait d’accompagner le patient en toute dignité dans sa dernière phase de vie.

Les jeunes face à un avenir incertain et des conditions de vie déplorables n’ont que peu d’options : soit, quand ils ont ou peuvent avoir de l’argent, décident de partir du camp, soit alors s’engagent dans des groupes extrémistes pour exprimer leur frustration. Il souligne que les dispensaires présents sur le camp se livrent une bataille pour attirer les partisans à des causes extrémistes que les responsables défendent en leur proposant ce ralliement à leurs causes contre des soins médicaux.

Enfin, retraçant sa vie dans ce camp, il décrit la situation d’un collaborateur qui était tourmenté par la situation de sa famille. Cela l’empêchait de faire correctement son travail et perturbait aussi le travail des autres et la bonne marche su service. Tu essaie de dialoguer avec lui, de lui donner la parole, mais les fruits de cette ébauche de dialogue ne sont pas visibles immédiatement. Son collaborateur lui fait part de son sentiment en lui disant qu’il cherche à lui faire comprendre quelle est la situation du réfugié palestinien au Liban. Lui faire sentir la frustration d’un monde sans avenir depuis quatre générations. Frustrés, les réfugiés palestiniens frustrent et tourmentent à leur tour ceux qui leur viennent en aide, en refusant parfois-même cette aide. Ceci met en œuvre la parole donnée au-delà de nos convenances et la réception qui en résulte.

Devant cet état des choses, il conclut son propos en nous livrant des questions que nous devons nous poser en tant que chrétiens à l’égard de ces personnes :
-  Est-on capable de changer la situation de ces personnes ?
-  L’Eglise, en donnant la parole, comment la reçoit-elle ?

-  Quels sont pour les chrétiens les moyens de transformation intérieure permettant d’accepter et de faire avancer l’autre ?

-  Quelle transformation intérieure opérer pour devenir un homme de paix sans condition ?

21h15 : En petits groupes de neuf (9) personnes, nous avons échangé sur le témoignage en lui-même et sur les piste de réflexion livrées par TU TRAN.

22h00 : Concluant cette émouvante rencontre, nous avons prié pour les peuples palestinien et israélien ( Psaume 50). Et pour certains, le temps était à l’achat de l’ouvrage de TU TRAN « Au-delà des frontières » en hommage aux palestiniens rencontrés, et dont le produit leur sera reversé.