« Pauvreté : le Secours catholique tire la sonnette d’alarme »
Le Secours catholique hausse le ton. L’association publie son rapport annuel sur la situation des milliers de personnes qu’elle a aidées en 2008. Après deux années plutôt encourageantes, au cours desquelles les enquêteurs ont observé une légère baisse de la pauvreté, les chiffres 2008 révèlent un retournement de tendance. Le nombre de personnes venues trouver refuge au Secours catholique l’année dernière a augmenté de 2,3 % par rapport à 2007. Au total, 1.400.000 de personnes. "Alors qu’un seul trimestre de la crise est comptabilisé dans cette enquête", soupire Bernard Schrick, directeur de l’action France du Secours catholique.
Les perspectives sont donc préoccupantes. "Sans surprise, ce sont les plus jeunes et les plus âgés qui souffrent le plus de la situation économique", explique Bernard Schrik. "Pour les jeunes, ça n’a rien d’un scoop", ironise-t-il. En revanche, "les séniors sont de plus en plus touchés par des plans sociaux", raconte le cadre de l’association. Les plus de 50 ans représentaient 7,9 % de la fréquentation du Secours catholique en 1999 contre 12,4 % en 2008. Et leur situation a évolué. Les nouveaux retraités doivent désormais subvenir non seulement aux besoins de leurs enfants, dont les études s’allongent, mais aussi à ceux de leurs propres parents, qui vivent de plus en plus vieux et doivent être souvent accueillis dans des structures spécifiques... et coûteuses.
Mais l’enquête du Secours catholique révèle un autre élément préoccupant : les femmes sont de plus en plus victimes de la pauvreté. "Ce n’est pas nouveau", explique Bernard Schrik. "Mais la tendance s’accélère", constate-t-il. Les chiffres le prouvent : sur l’année 2008, les femmes représentent 54,4 % des personnes accueillies par l’association, alors qu’elles n’étaient que 51 % en 1999. Parmi elles, 90 % vivent en dessous du seuil de pauvreté (900 euros par personne). Et leurs situations sont d’autant plus critiques que six femmes sur dix accueillies par l’association vivent seules, avec ou sans enfant. Un isolement qui les rend d’autant plus vulnérables. "Bien souvent, elles n’osent même plus
démarcher les institutions pour avoir des aides", explique Bernard Schrik. "On a tellement stigmatisé l’assistanat", déplore-t-il avant de poursuivre : "Aujourd’hui, les gens craignent de tomber dans l’aide sociale, ils trouvent que c’est infâmant." Le marché au noir plus valorisant que l’aide sociale ? C’est ce qu’assure Bernard Schrik, pour qui le "facteur psychologique est au moins aussi important que la réalité économique" dans des situations de grande pauvreté. Un discours peu politiquement correct que le Secours catholique assume. "Il faut sensibiliser l’opinion publique", explique Bernard Schrik, qui ne se fait toutefois pas d’illusion : "On est écoutés, pas sûr qu’on soit entendus."
Publié le 05/11/2009 à 17:10 Le Point.fr - Par Cyriel Martin
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