Site du doyenné Val-de-Bièvre

L'Église catholique

L'Église catholique

en Val-de-Bièvre vous accueille...

en Val-de-Bièvre vous accueille...


Lettre n° 19 - Décembre 2020

Lettre n° 19 - Décembre 2020

Chers paroissiens et amis,
Chers frères et sœurs,

Nous sommes entrés, depuis quelques jours, dans une nouvelle année liturgique et dans ce beau temps de l’Avent, marche vers la lumière de Noël. Cette année, nous vivons cette période dans des circonstances bien particulières, du fait de la pandémie qui dure et impacte notre vie quotidienne comme notre vie de chrétien. C’est pour nous, assurément, un temps d’épreuve : nos célébrations « en petit comité », nos inquiétudes face à la maladie et à l’avenir, nos peines face aux multiplications de décès, nos interrogations face à la pauvreté croissante dans notre pays. Nous nous interrogeons sur la réalité de nos priorités : la messe du dimanche ou la solidarité vis-à-vis des souffrants ? La vie paroissiale ou la sécurité vis-à-vis de nos frères fragiles ? L’attente de jours meilleurs ou l’invention de nouvelles formes de mobilisation ?

Certes, il n’est jamais facile de choisir et si certains « grondent » devant telle décision prise, d’autres agissent dans la discrétion et l’efficacité pour tenter d’améliorer les choses. De tout cela, nous devons prendre acte et nous dire que face à une situation exceptionnelle, il nous est demandé de faire preuve, plus que jamais, de charité : charité des cœurs et charité des actes.
Nous avons vécu un mois de novembre particulièrement douloureux avec le décès brutal du père Charles et les soucis matériels liés au transfert de sa dépouille en Afrique. Aujourd’hui, nous sommes rassurés, heureux pour lui, sa famille et son évêché. Le père Charles est arrivé au Congo. Transporté à quelque 300 km de Kinshasa, dans son diocèse de Popokabaka, il a été accueilli par ses frères avec une forte émotion et une grande ferveur. Une messe a été célébrée autour de son cercueil, en présence de nombreux prêtres et de l’évêque, avant son inhumation définitive sur sa terre natale. A cette occasion, la famille du père Charles vous remercie du fond du cœur pour toutes vos intentions de prière et de solidarité, pour le Livre d’or qui lui a été remis et pour l’aide financière apportée au transfert. Comme me l’a dit et répété sa famille : « Le père Charles n’a jamais été seul ». Soyons heureux de ce témoignage ; et forts de son souvenir, gardons-le dans nos cœurs et nos prières.

Ces quelques mots ne peuvent d’ailleurs que nous interroger davantage sur la fragilité des uns et des autres aujourd’hui, sur la souffrance de l’isolement et de la maladie. En effet, tout près de nous et parfois sans que nous le sachions, des personnes vivent dans la solitude, l’angoisse et la faim, en cette période de crise prolongée. Alors oui, nous avons faim de l’Eucharistie, mais comment oublier que d’autres ont faim de présence, d’amour et de solidarité ? Il suffit parfois de pas grand-chose pour emplir cette attente : un petit coup de fil, un petit mail, une petite carte, un petit cadeau, … un grand sourire à tous ceux qui sont les « pauvres aimés de Dieu ».

Je voudrais à présent vous partager quelque extrait d’un magnifique sermon de Bossuet intitulé « Sur l’éminente dignité des pauvres dans l’Eglise », prononcé à la demande de saint Vincent-de-Paul dans la chapelle des Filles de la Providence en 1659. Louis XIV n’a pas encore pris ses fonctions de roi – il le fera en 1661 – ; c’est Mazarin, son parrain et Principal ministre, qui gouverne le pays. Bossuet n’est pas encore le grand évêque et homme politique que l’on connaît. Simple prêtre et archidiacre à Metz dans l’est de la France, il est sensible à la souffrance des populations, des pauvres de sa région. Que dit-il donc à ce
propos ?

« … nous devons apprendre qu’il ne suffit pas de les plaindre, ni même de les assister, mais
que nous devons encore concevoir pour eux de grands sentiments de respect. Saint Paul nous en donne l‘exemple. Ecrivant aux Romains d’une aumône qu’il allait porter aux fidèles de Jérusalem, il leur parle en ces termes : ‟Je vous conjure, mes frères, par Notre-Seigneur Jésus-Christ et par la charité du Saint-Esprit, que vous m’aidiez par vos prières auprès de Dieu ; afin que les saints qui sont en Jérusalem agréent le présent que j’ai à leur faire”. (Rom. 15, 30-31) Qui n’admirerait, Chrétiens, comme il traite les pauvres honorablement ! Il ne dit pas l’aumône que j’ai à leur faire, ni l’assistance que j’ai à leur donner, mais le service que j’ai à leur rendre. Il fait quelque chose de plus, et je vous prie de méditer ce qu’il ajoute : ‟Priez Dieu, dit-il, mes chers frères, que mon service leur soit agréable”. Que veut dire le saint Apôtre, et faut-il tant de précautions pour faire agréer une aumône ?

Ce qui le fait parler de la sorte, c’est la haute dignité des pauvres… […]
Un peu plus loin, Bossuet ajoute en parlant d’Abraham : « lui qui avait tant de serviteurs et une si nombreuse famille, prenait néanmoins pour son partage le soin et l’obligation de servir les nécessiteux. Aussitôt qu’ils approchent de sa maison, lui-même s’avance pour les recevoir ; lui-même va choisir dans son troupeau ce qu’il y a de plus délicat et de plus tendre ; lui-même se donne la peine de servir leur table (Genèse 18,2). Ainsi, dit l’éloquent Pierre Chrysologue, ‟ Abraham, sentant arriver les pauvres, ne se souvient plus qu’il est maître, et il fait toutes les fonctions d’un serviteur”… Mais d’où lui vient cet empressement à servir les pauvres ? C’est que ce père des croyants voyait déjà en esprit le rang qu’ils devaient tenir dans l’Eglise : il considère déjà Jésus-Christ en eux ; il oublie sa dignité dans la vue de celle des pauvres, et il montre aux riches par son exemple l’obligation qu‘ils ont de les servir. »
A l’exemple de saint Paul et d’Abraham, comme nous le dit Bossuet, nous chrétiens du 21ème siècle, honorons avec dignité les pauvres. Ne les laissons jamais seuls comme nous l’avons humblement fait pour le père Charles. Notre doyenné a choisi en cette année 2021 le thème de la solidarité. Vivons-le pleinement chaque jour, en lien avec notre foi de chrétien, riches d’amour et d’espérance. Emplissons la vie « des pauvres » d’un petit geste aimant, si petit soit-il… geste qui nous relie à Dieu et à son Fils Jésus-Christ.

Chers paroissiens, chers frères et sœurs, vous à qui nous répétons sans cesse « Prenons soin les uns des autres », que cette phrase prenne encore davantage de sens en cette période d’Avent, de pandémie et de difficultés pour beaucoup de nos frères. « Le père Charles n’a jamais été seul », disait sa famille…

Bon chemin d’Avent ! Bonne préparation à Noël !
Fraternellement à chacun d’entre vous.

Sophie HASQUENOPH Vice-présidente de l’EAP.