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Homélie du Père Michel Santier pour le 1er dimanche de l’Avent - 27 novembre 2016

Homélie du Père Michel Santier pour le 1er dimanche de l’Avent - 27 novembre 2016

Lecture de l’évangile (Matthieu 24, 37-44)

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Père Michel Santier

À l’écoute de cet Évangile, la première réaction, c’est peut-être de se demander : que veut dire Jésus quand il parle de la "venue du Fils de l’homme" ? Ses premiers disciples eux-mêmes s’interrogeaient. Ils étaient dans l’attente d’un Messie qui réaliserait enfin la promesse annoncée par les prophètes : il allait libérer son peuple et lui apporter la justice, la paix et la dignité. Mais Jésus a répondu autrement en ouvrant une espérance bien plus grande.
Et nous, 2000 ans plus tard, qu’attendons-nous ? Qu’attendons-nous réellement quand nous proclamons solennellement à chaque eucharistie : "nous attendons ta venue dans la gloire " ?
Sommes-nous peut-être, à l’inverse des apôtres, tellement en attente d’un royaume intemporel, que nous n’osons plus croire à sa venue maintenant dans notre histoire ? Le plus important aujourd’hui, pour nous qui voulons suivre le Christ, ne serait-il pas de nous engager résolument dans une conversion au Royaume de Dieu ? Alors, qui est-il ce Royaume, pour que Jésus ait donné totalement sa vie pour lui, pour sa venue ?

Notre Église du Val-de-Marne vient d’apporter une réponse, une réponse bien concrète.
Nous avons pris deux années pour mûrir ensemble notre réflexion et décider de grandes orientations pour nous ouvrir à l’avenir. Notre synode diocésain est bien ce signe concret que nous croyons à la venue de son Royaume, ici et maintenant, et demain. Ces grandes orientations, et les décrets qui permettent de les préciser, expriment notre volonté d’attendre, de façon active, ce Royaume qui vient et d’en être tout à la fois les artisans et les témoins.

Ce premier dimanche de l’Avent ouvre la nouvelle année liturgique.
Qu’il ouvre aussi nos cœurs et nos intelligences pour qu’ensemble nous entrions dans cette dynamique impulsée par notre synode. Nous le croyons, la "venue du Fils de l’homme" est plus encore d’actualité. Dieu tient toujours ses promesses. Il vient dans nos villes, dans nos quartiers, dans nos familles. Il vient dans l’accueil du plus petit. Il est là. Il est là et souvent nous ne le voyons pas. Nous voulons le voir et l’approcher mais nous restons comme aveuglés et paralysés. Les actes du synode invitent chaque baptisé, seul et en communauté, à changer de regard, à se retourner pour fixer l’avenir, pour convertir ses attentes. Ils sont les moyens que se donne notre diocèse pour que, ensemble, nous soyons en vérité des veilleurs de la "venue du Fils de l’homme" chez nous, en Val-de-Marne.

Pour nous expliquer ce que veut dire être des veilleurs de sa venue, Jésus, à travers 3 courtes histoires, précise comment guetter son Royaume, comment attendre sa venue.

Elle arrive sans qu’on s’en doute.

« En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. »

Les gens du temps de Noé avaient déjà comme nous "la tête dans le guidon" comme on dit, débordés par les affaires du quotidien. Telle Marthe, qui recevait Jésus chez elle et était accaparée par les multiples préoccupations du service, au risque d’en oublier l’essentiel : la rencontre de Jésus qui venait chez elle, et l’écoute de sa Parole. Marie, sa sœur, avait trouvé la meilleure place. Beaucoup, dans les équipes synodales, ont fait la même expérience : prendre le temps de s’asseoir au pied du Seigneur et recevoir sa Parole, c’est la meilleure façon de relire et d’orienter sa vie, c’est la meilleure façon de scruter les signes des temps et d’attendre sa "venue". C’est être tellement imprégné de sa présence dans les Écritures, qu’on ne doute plus le rencontrer dans le quotidien de la vie.

  • Je vous appelle aujourd’hui à être des baptisés qui vivent toujours plus de la Parole de Dieu annoncée, vécue et célébrée… à être des baptisés qui partagent à tous la joie de l’Évangile, parce qu’il est encore aujourd’hui une Bonne Nouvelle pour les hommes et les femmes de notre temps…
  • Je vous appelle à être des chrétiens qui ne se distinguent pas des autres hommes et femmes du Val-de-Marne, ni par le langage, ni par les coutumes, mais qui sont habités par cette certitude que le Seigneur leur parle sur la route de leur vie et leur fait comprendre les Écritures.

Elle arrive là où nous sommes et nous prend tels que nous sommes.
« Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. "
La venue du Royaume n’est pas l’affaire d’une élite. C’est un appel adressé à tous : le lycéen au milieu de son groupe de copains, la mère de famille qui fait ses courses, le voyageur du métro qui se rend au travail. Tous sont appelés, mais la réponse appartient à chacun. C’est un appel à consacrer dorénavant son énergie au Royaume de Dieu. Ce n’est pas facile. Suivre Jésus fait d’eux des "personnes déplacées", qui se mettent en marche, là où ils sont, dans leur quartier, leur famille ou leur travail.

  • Je vous appelle aujourd’hui à être des baptisés qui se mettent en marche et qui, ensemble, laïcs, consacrés et ministres ordonnés, cherchent à être les disciples missionnaires du Christ pour partager à tous la joie de l’Évangile ! Durant ces deux années de notre synode, nous avons fait l’expérience de cette synodalité, en discernant ensemble, chacun avec son charisme, les priorités missionnaires du diocèse. Cela ne peut s’arrêter là : il nous faut poursuivre le chemin commencé et approfondir ce qui fait tout à la fois notre unité et notre diversité. Cette Église est déjà le signe du Royaume qui vient.

Elle arrive là où c’est le plus sensible. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.

Ce "maître de maison" se sent responsable de ce qui peut arriver chez lui, là où vit sa famille. Cet homme est touché dans ce qu’il a de plus cher. Comme dit le pape François dans "la joie de l’amour" (260), « La famille ne peut renoncer à être un lieu de protection, d’accompagnement, d’orientation, même si elle doit réinventer ses méthodes et trouver de nouvelles ressources. Elle a besoin de se demander à quoi elle veut exposer ses enfants. » Pour notre Église de Créteil aussi, les enfants et les jeunes sont ce que nous avons de plus cher. Le synode a demandé que l’évangélisation des jeunes générations devienne la grande cause de notre diocèse. Il ne s’agit pas de leur donner une place, mais de les aider à trouver leur place, à l’écoute de leurs convictions, de leurs désirs, de leurs projets de vie.

  • Je vous appelle aujourd’hui à être des baptisés d’une Église où les enfants et les jeunes sont acteurs. Au seuil de ce temps de l’Avent, entrons dans l’espérance et changeons nos habitudes. Accueillons leur joie de croire, leur soif de Dieu, leur capacité à communiquer, leur dynamisme et leur volonté à s’engager. Ils attendent tellement de la vie. Attendons comme eux et avec eux ce Royaume qui est pour ceux qui leur ressemblent.

La "venue du Fils de l’homme" aujourd’hui chez nous, en Val-de-Marne,

  • Elle arrive sans qu’on s’en doute, alors vivons toujours plus de la Parole de Dieu annoncée, vécue et célébrée.
  • Elle arrive là où nous sommes et nous prend tels que nous sommes, alors poursuivons le chemin commencé en synode et approfondissons ce qui fait tout à la fois notre unité et notre diversité.
  • Elle arrive là où c’est le plus sensible, alors entrons dans l’espérance et laissons les enfants et les jeunes imaginer une Église qui les accueille.

Je vous propose d’entrer dans cette triple dynamique. Ce temps de l’Avent ce peut être aussi pour nous le moment d’entrer dans cette belle "Aventure". Il y va de l’avenir de notre diocèse. Il y va de la venue du Royaume de Dieu, chez nous en Val-de-Marne.
Amen
Michel Santier, votre évêque